Incertitude, vérité, débat : on parle Fake News dans le séminaire #BiblioCovid19
Bonjour,
Je suis ravie de vous retrouver
pour ce 7ème épisode du séminaire les bibliothèques en temps de
crise, et plus précisément de crise covid.
Le texte ci-dessous en PDF ? Mais bien sûr, c'est par ici.
Il ne vous aura pas échappé, et
au cas où cela vous aurait échappé je suis certaine que la sortie du documentaire
Hold-up n’aura pas manqué de vous plonger dans le problème, il ne vous aura
donc pas échappé que la covid exacerbe des choses observées depuis des
années en matière de méfiance dans les experts, de Fake News, de complotisme, etc. Le développement de ces
comportements informationnels s’explique par un ensemble de raisons, dont
l’exposé ne fera pas l’objet de cette introduction. En revanche leur
exacerbation me semble tout à fait liée à une caractéristique de la crise que
nous vivons en ce moment qu’on pourrait qualifier de règne de l’incertitude.
§ Incertitudes sur la gravité de la maladie : cette incertitude qui nous a inquiété avant la première vague est en vérité constamment reposée tant la reconnaissance de la gravité des cas n’empêche pas les questionnements sur la gravité de la situation générale, du fait peut-être du nombre important d’asymptomatiques, ou du fait possiblement de la concentration de la maladie sur un groupe identifié comme « personnes âgées » (en d’autres termes : si ça ne touche que les vieux, alors…), etc.
§ Incertitudes sur les décisions politiques de contention de la maladie : ouvrir les écoles ou les fermer ? Télétravailler ou ne pas télétravailler ? Voir sa famille ou ne pas voir sa famille ? Couvre-feu ou confinement ? Confinement ou arraisonnement (pour reprendre les mots de cet excellent article publié par lundi.matin[1]) ? etc.
§ Incertitudes sur l’avenir : la maladie va-t-elle durer 1 an, 2 ans ? quel en sera l’impact sur ma famille, sur mes relations sociales ? Quel en sera l’impact économique à moyen terme, l’impact social, etc.
§ Etc. (J’arrête de lister, ça amplifie mon angoisse.)
Dans un tel contexte, celui
d’incertitude sur tout ce qui fait notre environnement, il y a plusieurs
réactions, dont les deux pires sont :
1/ soit l’abandon de toute
volonté de pouvoir déterminer ce qui est bon ou pas pour moi et la société avec
pour conséquence un certain désengagement du monde pour se recentrer sur son
expérience immédiate. La survie ne s’embarrasse que rarement d’éthique et on peut
le comprendre, mais je reste convaincue que si nous avons besoin de quelque
chose en ce moment, c’est bien d’éthique.
2/ soit l’abandon dans les bras
du premier convaincu convaincant venu (toute ressemblance avec un médecin
médiatique n’étant pas fortuite). Or l’adhésion aveugle n’a jamais mené les
humains vers des chemins paisibles et heureux.
Entre les deux, il s’agirait, à
différents niveaux entre la conviction et le désengagement, de pouvoir accepter
de ne pas être certain, de ne pas savoir et de transformer cette ignorance en
quelque chose de positif. Hubert Guillaud a écrit dans un article publié en
octobre dernier : « Nous nous
souviendrons de 2020 pour beaucoup de raisons. Mais peut-être surtout comme
l’année qui nous a révélé notre ignorance, qui nous a montré tout ce que nous
ne savons pas. »[2].
Pour ne pas sombrer, il convient peut-être de prendre cette situation inédite
d’ignorance partagée comme une opportunité et d’en profiter pour repenser notre
rapport au savoir. Pour être honnête, j’ai toujours pensé que la bibliothèque
entretenait un rapport particulier au savoir, y compris en tant que maître
ignorant[3],
mais peut-être est-il temps de penser qu’elle se doit d’entretenir de manière
bien plus structurelle un rapport particulier à l’ignorance. C’est un long
chemin à parcourir et je vous propose qu’on s’intéresse aujourd’hui à un des
aspects de cette ignorance, qui est notre rapport au vrai et au faux.
Il s’agirait pour nous de définir
quel est le rôle de la bibliothèque dans une ère que certains appellent celle de
la post-vérité. Alice Kaplan expliquait dans une émission sur France culture[4]
que l’ère de la post-vérité est au fond l’ère de « la vérité qu’on
voudrait », disant par-là que chacun non seulement définit sa vérité, mais
ne veut plus entendre parler des vérités qui ne lui conviennent pas.
« La vérité qu’on voudrait » !!!!
Ça me rappelle Batman. Est-ce
qu’il y aurait une bibliothèque de la vérité ? et une bibliothèque de la
vérité qu’on voudrait ? La bibliothèque dont on a besoin et celle qu’on
mérite ? Pour répondre à ces questions et en quelque sorte pour définir
votre potentiel de gardien de la démocratie en des temps troublés, je vous
propose qu’on discute de trois points qui tournent autour de l’autorité du
vrai : la lutte contre le faux, le débat entre les réalités, et le conflit
entre les attentions.
Partons dans notre exploration de
ce problème avec une première hypothèse : pour lutter contre le faux,
il nous faudrait être en mesure d’identifier tous les énoncés faux. C’est au fond
ce qui est en jeu dans l’éducation aux médias et à l’information, quand on en
retient les aspects relatifs aux compétences techniques et à l’acquisition
de bonnes pratiques. Il s’agit d’apprendre à observer des informations et leurss
énoncés pour avec rigueur en explorer les éléments contextuels permettant de
définir si l’énoncé est crédible, et s’il ne l’est pas le considérer comme faux
dans le contexte de lecture de l’énoncé. Il convient donc pour déterminer le
faux de vérifier la qualité de concordance de l’information avec ce que
l’énoncé veut en faire comprendre, ce qui se mesure par une attention portée
aux sources, aux dates, aux images, etc. Lutter contre le faux serait donc d’abord
prendre de bonnes habitudes de rigueur en matière de réception des
informations. Un excellent exemple est le documentaire « Opération Lune »[5]
de William Karel. Qui ne connaît pas la chute de ce documentaire, mais est
suffisamment averti et attentif à la qualité de l’information ne pourra être
qu’agacé par des imprécisions, le montage sensationnaliste, la réutilisation
des images, l’absence de dates, etc. jusqu’à douter de tout ce qui est montré
et finalement comprendre à la fin le pourquoi de ces approximations. Cette
attention à la qualité de l’information, tant en matière de forme que de fond,
est relayée par les bibliothèques, qui se font le relais de certains programmes
et outils : ainsi la participation des bibliothèques irlandaises à la
campagne : Be Media Smart : Stop, Think, Check[6],
ou le partenariat entre EBLIDA et Newsguard, qui a pour principal objet
d’identifier les faux comptes, qui copient des sites institutionnels mais
délivrent des messages en tous points contraires.
On notera que ces deux campagnes
s’attaquent tout particulièrement à un aspect du faux qui est sa viralité. Il
ne s’agit pas seulement d’identifier le faux, mais d’éviter sa propagation. Comment
lutter contre la propagation virale de ces contenus toxiques, comment ralentir
et réfléchir avant de faire circuler (ou pas) ? Il y a une dimension temporelle,
de course contre le temps, à laquelle une institution comme la bibliothèque ne
peut que difficilement faire face. Si ce n’est dans l’encouragement à prendre
le temps. Le « Stop, Think, Check » est en un certain sens le geste
barrière numérique (pour reprendre les mots de Vân Ta-Minh dans une discussion
sur cette viralité), dont nous devons faire une nouvelle habitude. Twitter maintenant nous y encourage, en nous
rappelant de lire ce que nous retweetons ou en nous poussant à le commenter. Reste
qu’il est difficile d’appeler à des modifications de comportements individuels,
si rien n’est fait pour limiter le fonctionnement des plateformes qui vivent de
cette viralité.
Quoiqu’il en soit toutes ces bonnes
pratiques visent à éduquer, comme l’annonce d’ailleurs le terme d’éducation aux
médias et à l’information. Eduquer et donc combattre une forme
d’ignorance : celle de ce qui fait la qualité de l’information. En luttant
contre cette ignorance de la forme de l’information, en vérité les
bibliothécaires mettent surtout l’accent sur l’information manipulée,
volontairement fausse. Elles pointent et accusent les sources qui diffusent des
fausses informations pour jouer le jeu d’un parti ou d’un autre, celles qui
diffusent de fausses informations pour gagner en publicité, celles qui ne
diffusent pas de fausses informations, mais dont les titres volontairement elliptiques
tendent à produire les mêmes effets de surface, etc. En d’autres termes, pour
reprendre Romain Badouard[7],
l’acquisition de bonnes pratiques ne saurait jamais suffire. Il faut lui
adjoindre également l’acquisition :
§ de compétences économiques, pour comprendre ce qui se joue derrière l’économie du clic,
§ de compétences sociotechniques, pour comprendre ce qui se joue derrière l’économie de l’attention,
§ de compétences épistémologiques, pour savoir débattre.
Nous reviendrons sur ces
compétences en détail plus loin. Revenons d’abord sur un point important :
identifier le faux est une chose, mais que faire ensuite ? On peut
imaginer qu’il faille défendre la vérité contre ce faux qui se diffuse. Comment
faire cela ? Nous pourrions commencer par dire la vérité contre le
mensonge/l’erreur. Il y a 3 ans, l’UE lançait un vaste programme sur les contre
discours, les counter narratives, qui
ont pour objet de lutter contre les discours de haine qui se diffusent sur
internet. J’ai peut-être l’air de quitter le registre des fausses nouvelles,
mais je ne le crois pas tant les discours de haine sont exacerbés, nourris,
portés par la circulation d’informations manipulées, susceptibles d’accroitre
doute et méfiance chez ceux qui se trouvent touchés par ces informations. Ce
programme de counter narratives visait à étudier quels seraient les contre
discours susceptibles d’être efficaces. Quelle forme devraient-ils
prendre ? Qui devait en être les porteurs et comment former les
communautés pour s’en défendre ? etc. Je mets en note de bas de page un
lien vers la liste des projets retenus et vers un guide des counter narratives
de l’UE[8]. Un des éléments qui me parait notable dans
nombre de projets est la volonté de lutter contre les discours de haine en
agissant en amont par une meilleure présence sur les réseaux sociaux des
communautés les plus touchées par la haine en ligne. Il y a ici un travail à
mener sur la notion de littératie communautaire, sur laquelle nos collègues
québécois commencent à travailler et que les Français par horreur du mot
communauté pourront toujours relier à la notion de droits culturels. C’est là
certainement un rôle pour la bibliothèque de s’ingénier à donner visibilité aux
groupes, à leurs conceptions du monde, à leurs épistémologies, qui sont moins
exposées, moins médiatisées, moins audibles[9].
Cela fait écho à ce que j’appelle l’hospitalité documentaire de la
bibliothèque.
Donner la parole, c’est aussi
regagner en confiance, comme une institution qui n’a pas pour but d’instituer
la parole d’autorité, mais qui a pour but d’instituer la conversation,
l’interrogation, le pourquoi plutôt que le comment, et qui de ce fait se
présente comme un espace politique de mise en visibilité des idées. Nous
reviendrons plus tard sur cet espace public et sur la manière d’être à
l’écoute, mais revenons un instant sur la confiance dans l’institution au sujet
des contre discours ; Suite à l’assassinat de Samuel Paty, Marlène
Schiappia a annoncé lancer un programme de contre discours[10]
visant à réagir à tous les discours de haine faisant circuler des idées
faussées sur la république et ses valeurs notamment, par des réponses du
gouvernement ou d’un organisme gouvernemental pour rétablir la vérité. Son
nom : « unité de contre-discours républicain sur les réseaux sociaux ».
Marlène Schiappia parle également
au sujet de cette unité de la production d’un « discours de
contre-propagande ». Plus
encore l’unité sera placée « sous l'autorité du comité interministériel
à la prévention de la délinquance et de la radicalisation et de la lutte contre
les dérives sectaires », comité piloté par un préfet. De quoi s’agirait-il ?
Il ne s’agit pas d’identifier des discours critiques qui soient déjà des
discours de haine et de guerre et pour lesquels on espère bien que le
gouvernement fera autre chose que contre-tweeter, mais d’identifier et de
corriger des discours critiques qui pour l’état font le jeu de la
radicalisation. Le même mouvement accuse les universités d’islamo-gauchisme,
comme si cette expression avait par ailleurs le moindre fondement. En d’autres
termes, cette idée de discours de contre-propagande laisse entendre que la
liberté d’expression devrait être encore réduite par l’interdiction de discours
contre l’état, interdiction qui n’est pas franche, mais qui par la semonce et
la menace revient au même. Chacun sa technique, mais j’ai dans l’idée qu’une
telle unité ne servira qu’à entretenir l’idée qu’il n’y a qu’une seule vérité
et qu’il ne s’agirait pas d’aller en chercher d’autres. Ainsi, on répliquerait
contre le faux, par l’imposition d’une vérité.
Ceci me fait penser à Nein
Quaterly, qui postait l’autre jour sur Twitter la phrase suivante : « Don’t believe everything you think »
en la faisant précéder des mots suivants : « A gentle reminder. From Ideology. »[11].
De fait, cette exhortation à cesser de croire en ses propres idées, sous
couvert d’aider tout un chacun à faire le point sur l’ensemble des informations
qui nous sont données, comme d’ailleurs sur l’ensemble des idées que nous
pouvons avoir, sert aussi à rappeler constamment aux gens qu’ils ne pensent pas
bien. C’est une forme de contrôle assez dangereuse, qui met au cœur du
processus de savoir l’adhésion à une vérité, en l’occurrence celle des
institutions qui gouvernement et qui se targuent d’être les seuls à avoir en
main le gouvernail de la vérité.
Cela me rappelle mes 22 ans.
J’étais surveillante dans un collège et je n’avais pas aimé je ne sais plus
quel film de l’époque (nous étions en l’an 2000, je n’ai plus que de lointains
souvenirs de cette époque). Le documentaliste du collège, un type d’une
quarantaine d’année, m’avait photocopié un article de Télérama sur ce film,
article qui en faisait la louange. Et il m’avait dit : « Tiens lis
ça, tu sauras ». Je saurais quoi au juste ? Quoi penser ?
Comment penser bien ? Ces arguments d’autorité, et j’en ai reçu de
nombreux autres dans ma vie, ont un unique but : nous dire que notre avis
ne compte pas. Et n’est rien par rapport à d’autres qui ont pensé avant nous et
dont le statut : prof, bibliothécaire, journaliste, élus, etc. permet de
donner une autorité à l’idée émise. Les arguments d’autorité sont pour moi la
lie de la transmission et du débat. Dans un cas, ils persuadent la personne
qu’elle doit changer d’avis en lui faisant accepter qu’il y a des êtres
supérieurs à elle qui disent la vérité. Dans un autre cas, ils finissent de
convaincre la personne de n’avoir que du mépris pour celui ou celle qui essaye
de la manipuler d’une si grossière façon. Dans un cas, on crée un robot pacifié
mais incapable de penser par lui-même. Dans l’autre cas, on fabrique un ennemi
méfiant et prompt à croire le contraire de ce que ces mêmes autorités vont lui
dire. Contre cela, je vois deux chemins différents et non exclusifs l’un de
l’autre. Le premier est de travailler sur les processus de construction
d’épistémologies, le second est de travailler sur le débat.
L’autorité du vrai
Il s’agirait donc de ne plus confondre
autorité de l’institution et autorité du vrai, et donc non plus de se
satisfaire d’apprendre à distinguer le vrai du faux, mais bien d’apprendre à
construire une pensée rationnelle et néanmoins créative et indépendante.
Ceci est d’autant plus nécessaire
que montrer le la fausseté d’une proposition ne suffit pas forcément à assurer
le vrai de la proposition contraire. C’est la base de la syllogistique. Dire
qu’il est faux que tous les hommes mangent de la terre ne signifie pas qu’il
est vrai qu’aucun homme ne mange de la terre. De même, dire qu’il est faux que
la terre est plate ne signifie pas qu’elle est ronde parce que le contraire de
plat n’est pas rond. Il faut donc non seulement prouver la fausseté d’une
assertion, mais encore pouvoir démontrer la justesse d’une autre, ce qui nous renvoie
à la reconnaissance et à la confiance dans le processus scientifique. Au fond,
tout repose dans la crédibilité qu’on accorde au processus scientifique, ou au processus
épistémologique, qui a permis de découvrir une vérité, avec tous les guillemets
que l’on peut mettre sur ce terme dans le champ scientifique. Or dans un temps d’incertitude comme celui
que nous vivons la confiance dans le processus scientifique est quelque peu
mise à mal. De fait, les experts se suivent mais disent le contraire les uns
des autres, sans qu’on puisse déterminer quelle expertise devrait
prévaloir : celle qui parle de la santé, celle qui parle de l’économie,
celle que je lis, celle que j’entends, celle que mes amis croient, etc. Cela fait
longtemps en vérité que nous avons accepté de ne pas tout savoir et de ne pas
tout comprendre : élection, ordi, etc. mais ce qui empire cette année est
de se rendre compte que les experts ne savent pas.
Pour qui connait la manière dont
la science se construit, cette ignorance, cette incapacité des scientifiques à
assurer la vérité accompagne la possibilité de savoir. Mais pour d’autres,
l’absence d’un discours qui serait celui du certain met un terme à « l’hommage
paradoxal à l’autorité du vrai » dont parlent Girel et Leduc[13].
En d’autres termes, plutôt que d’accepter les vertus épistémologiques de
l’ignorance, on rejette la crédibilité de ceux et celles qui ne sont pas capables
d'énoncer une vérité ou du moins un discours qui se positionne comme l’énoncé du
vrai. Avec tous les risques que cela comporte. Damien Barraud, médecin en réa,
raconte dans un blog de Libération son expérience en pleine pandémie. Il écrit
la chose suivante : « La malscience, comme toutes les fake news, tue.
La malscience et les fake news précipitent les plus fragiles vers un abîme de
détresse psychologique et la vague psychiatrique. La malscience et les fake
news sont les mères de tous les relativismes, de tous les complotismes, de la
perte de confiance dans les médecins et les chercheurs, au pire moment
possible. Et cela, il faudra des années pour s’en remettre. »[14].
Retrouver confiance dans le
processus d’ignorance qui est au cœur du processus scientifique nécessite une
approche de la science qui met l’accent non pas tant sur les résultats que sur
les procédures. Olivier Las Vergnas dans un article publié en 2020 aux Presses
de l’Enssib écrit à ce sujet : « ainsi l’histoire de la façon dont on
a nommé les reliefs lunaires est-elle plus utile pour former l’esprit scientifique
que leurs noms eux-mêmes »[15].
Il me semble que c’est dans le même état d’esprit que les bibliothécaires se
méfient de la notion de prescription, y voyant justement une manière de ne
proposer que des arguments d’autorité et des vérités prêtes à mâcher et
régurgiter. La prescription peut être en effet cette manière de dire : lis
ce texte tu sauras comme moi ce qu’il convient de savoir. Mais il me semble
qu’il y aurait une autre forme de prescription, celle qui dit : à partir
de ce problème, celui qui nous oppose, et qui n’est pas d’aimer ou de ne pas
aimer le film (je reprends l’exemple de mes 22 ans) mais de définir la valeur
de la violence dans un film, ou la valeur de la lenteur dans un autre film,
etc. , donc à partir de ce problème, il faut construire des chemins pour
trouver des réponses, et ces chemins peuvent être construits en empruntant une
sélection de document, non pas que ces documents donnent la réponse, mais
qu’ils ouvrent des perspectives sur le problème. Ils permettent de commencer
l’enquête et donc le voyage, chacun à sa manière : chemin le plus court,
chemins de traverse, pauses, changement de destination, etc. Contrairement à ce qu’on pense, il me semble
que dans la prescription, l’important n’est pas le point d’arrivée, mais bien
le chemin emprunté par celui qui chemine. L’important n’est pas le savoir, mais
bien l’ignorance, aussi bien de celui qui prescrit que de celui qui commence
son voyage.
On comprend bien que l’enjeu est
double : comprendre les processus scientifiques de construction des savoirs
et construire des savoirs qui nous soient propres. Alfonso Montuori propose d’ailleurs
de penser « « une mise en incertitude » libératrice, à travers
l’éducation à la créativité et à la complexité. »[16].
On retrouve cette même idée dans l’ouvrage de Saemmer et Jehel où les autrices se
demandent « à quels arts de faire et de vivre avec les technologies,
l’éducation aux médias souhaite-elle former les jeunes citoyens ? »[17].
Il ne s’agit pas de fermer les outils, il ne suffit pas simplement d’informer,
d’alerter ou d’éduquer, il faut aussi susciter le renouvellement de ces outils,
encourager la création d’alternatives, et toujours laisser la possibilité
d’ouvrir d’autres espaces de mise en commun.
Le débat :
Mais en suivant cette idée,
comment alors pouvoir distinguer entre ce qui relève d’une épistémologie
différente et ce qui au contraire relève d’une rationalité divagante. Comment
définir la valeur des idées ?
On pourrait prendre un 1er
critère qui nous ramène à notre premier point, à savoir identifier des
raisonnements qui sont rationnellement faux, dont les déductions sont fausses
et dont la fausseté peut être démontrée. On pourrait prendre un autre critère,
que je vais illustrer. Au moment où Joe Biden a finalement été reconnu par les
médias comme le 46ème président des USA, plusieurs personnalités ont
fait appel à la compassion des gagnants envers les perdants en disant :
vous avez pleuré en 2016, reconnaissez-vous dans les pleurs de ceux qui ont
perdu en 2020. Quelqu’un sur Twitter a répondu : En 2016 on pleurait nos
droits, en 2020 ils pleurent de ne plus pouvoir nous les enlever. L’idée émise
ici est qu’entre ces 2 opinions la nuance est que l’une permet de vivre ensemble
et l’autre non. C’est ce d’ailleurs ce qu’on retrouve dans les restrictions
données au principe de liberté d’expression : droit à la vie privée,
incitation à la haine raciste, diffamation (quelques exemples parmi la liste
des limites, qui est plus longue que cela). Que faire d’une affirmation comme
celle de Trump affirmant qu’il y a fraude électorale ? On comprend bien
ici que l’enjeu n’est pas tant le vrai et le faux que le doute instillé dans
l’esprit de citoyens et donc dans l’alimentation de la méfiance envers les
institutions, ici les démocrates, les gouvernements locaux, les médias.
D’ailleurs Trump dit que la vérité n’a pas d’importance, d’où l’idée de vérité
alternative. On peut considérer cette annonce d’une valeur très faible, puisque
1/ elle ne peut être vérifiée au moment où elle est énoncée, même si elle
pourra éventuellement l’être plus tard, 2/ elle suscite ou amplifie des
difficultés pour les citoyens à vivre ensemble. Dès lors, muni de ces critères,
on peut a priori rejeter cette assertion et la considérer comme on pertinente.
En d’autres termes, on quitte le registre du faux pour celui du mauvais. Et on
parle non plus du rapport vrai/faux mais du rapport bien/mal.
Cela dit, il y a de nombreuses
idées/affirmations/décisions, que je pense être pernicieuses et problématique
pour le vivre ensemble et pourtant je ne les considère pas forcément comme non
pertinente. Prenons par exemple les impôts sur l’ISF. Dans ma conception du
monde, je pense cette idée néfaste. Elle fonctionne pourtant très bien dans une
autre conception du monde qui ne repose pas sur les mêmes principes. Est-ce que
le vrai et le faux ne relèvent finalement que d’un jugement à l’aune de sa
propre épistémologie ? En d’autres
termes, le savoir que je reconnais comme vrai ne se distinguerait de celui que
je reconnais comme faux, non pas parce qu’il est le contraire de mon idée, mais
parce que mon idée n’est pas construite de la même manière ? Cela
signifie-t-il que des épistémologies différentes peuvent cohabiter ?
Hubert Guillaud dans l’article
susmentionné, parle de l’état de santé du consensus qui produit la réalité. En
d’autres termes, plus il y a de gens d’accord sur une même idée, plus celle-ci
est réelle. Myriam Revault d’Allonnes, dans son échange avec Alice Kaplan dans
l’émission de France culture, également mentionnée plus haut, disait que plus
on entend une idée plus elle semble vraie ; plus un mensonge est répété,
plus il devient réel. C’est la performativité aussi du langage qui est ici en
jeu (à ce sujet, je vous conseille de lire l’article de Florent Le Demazel sur
les jeux de puissance performative à partir du visionnage du film « Les 7
de Chicago[18]). Ceci
me fait également penser au livre Le mendiant de Jérusalem, d’Elie Wiesel, dont
j’ai gardé le souvenir diffus et peut-être faux d’une scène dans laquelle un
fou heureux refusant d’admettre la disparition de sa famille dit à un homme
sain d’esprit et affligé par la disparition de sa propre famille, qu’il n’est
pas possible de distinguer le vrai du faux dans leurs deux réalités, sauf que
l’un des deux est seul à croire à la sienne. Hors donc de l’exclusion de la
réalité de ceux qui sont trop seuls à croire leur réalité : les fous, les
sectes repliées sur elles-mêmes, etc. , peut-on considérer qu’il y a consensus
sur une réalité dont nous pourrions avoir plusieurs interprétations ou doit-on
considérer qu’il n’y a aujourd’hui plus de consensus et que la distinction
entre les interprétations est en vérité plutôt une distinction entre des réalités ?
C’est ce que pense et écrit Ethan Zuckerman (pardon pour la traduction) :
« le conflit entre la réalité de Trump et les médias principaux conduit à
l’idée qu’il n’y a plus de débat sur l’interprétation d’un ensemble de faits,
mais sur les faits eux-mêmes depuis nos propres réalités qui chacune
représentent et mène à nos points de vue »[19].
Ou comme il le dit également dans une interview accordée au journal Le Monde :
« ce qui est réel pour vous est irréel pour quelqu’un d’autre »[20].
Au passage, je vous encourage vivement à lire ces deux articles qui sont
brillants.
Quand donc Trump dit : il y
a fraude. Cree-t-il une nouvelle réalité, dans laquelle des citoyens américains
vont développer leur manière de concevoir le monde ? et comment dans ces
conditions sera-t-il possible de faire communauté ? Faut-il refuser cette
réalité et ses défenseurs, au risque de séparer les citoyens et l’état ?
Faut-il accepter ces réalités pour pouvoir débattre et espérer revenir plus
tard à une même réalité ? A-t-on aujourd’hui le choix entre la scission et
le relativisme ? Quel est le pire scénario ? A défaut de définir le
vrai du faux, on peut toujours accompagner cette recherche du vivre ensemble
par l’amélioration de la connaissance des différentes épistémologies. C’est ce
qu’appelle Romain Badouard quand il cite parmi les 4 compétences la compétence
épistémologique : « c’est-à-dire une véritable éducation au débat qui
passe par la compréhension des différentes manière de produire des
connaissances, afin de pouvoir évaluer correctement la « valeur »
d’une information »[21].
Plus encore, le débat est
peut-être le seul véritable moyen de lutter à la fois contre les arguments
d’autorité et contre les Fake News (entendues dans leur sens le plus large). Romain
Badouard écrit plus loin : « Pour reprendre les mots de danah boyd,
ce n’est pas l’affirmation de l’autorité d’une épistémologie sur les autres qui
réglera les problèmes de fond auxquels nous nous trouvons confrontés avec ces
nouvelles formes de désinformation en ligne. Le défi qui nous attend pour les
prochaines années à venir consistera à l’inverse construire des espaces
d’échanges commun qui respectent l’égalité de tous les citoyens à faire
entendre leurs voix, tout en permettant de faire entrer en discussion des
individus et de groupes qui épousent des manières de voir très différentes.»[22].
Dès lors, à la compétence d’identifier le vrai du faux, à celle de pouvoir
donner des valeurs, la compétence du débat est celle qui pourra plus que jamais
favoriser le développement d’un esprit critique. Reste à savoir si nous saurons
débattre et où débattre. Car la difficulté du débat me semble liée à deux
problèmes :
§ Existe-t-il des lieux qui seraient véritablement ouverts à ne pas soutenir une autorité au détriment des autres ?
§ Est-il encore possible dans le contexte de l’économie numérique au débat de se faire ?
Sur la première question, nous
l’avons dit la bibliothèque pourrait se repenser comme lieu d’exposition d’une
variété d’épistémologies, s’interroger sur la prescription sans l’autorité, et
finalement se réaliser dans ce que Lankes appelle la conversation. Je ne peux
m’empêcher de pense que cela appelle à ce que les bibliothécaires (français)
soient mieux formés dans les disciplines dont ils sont références aussi
bien pour constituer les collections que pour organiser des événements. Je sais
que cela va plutôt contre la tradition française qui consiste à dire que nous
pouvons être acquéreurs de toute discipline. Mais je pense qu’aujourd’hui nous
avons besoin de nous faire l’écho de ces multiples approches du savoir. Par
ailleurs, pour être ce lieu de débat, il me semble également que la
bibliothèque devra d’une part accepter d’exister dans un temps qui est celui de
l’actualité (et de ne pas être hors du temps et hors de l’espace) et d’autre
part assumer le conflit que la conversation suscite. Je ne m’étends pas sur le
sujet, ayant consacré pas mal de pages là-dessus dans ma thèse[23].
Sur la seconde question et parce
qu’on pourrait objecter qu’il existe déjà un espace de mise en visibilité des
idées, voire même de mise en publicité des idées que sont les réseaux
sociaux, il convient de se pencher un peu sur leur cas. Comme le dit brillamment
Olivier Ertzscheid dans un de des derniers articles de son blog : « La
démocratie suppose des espaces de rendu publics définis et encadrés par la loi.
(…) Les réseaux sociaux traitent la question du rendu public uniquement et
exclusivement sous l’angle publicitaire. Sous l’angle de la publicité et plus précisément
de la publicitarisation du monde. C’est à dire l’adaptation de la forme et du
contenu des médias ou des espaces de discours avec pour principale finalité
d’accueillir de la publicité. »[24].
Ertschzeid parle encore « d’espaces publicidaires qui ne dévoilent,
ne révèlent ou n’autorisent des lieux communs de discours que pour mieux tuer
la question de l’espace public de leur résonance. »[25].
Les réseaux sociaux ne sont pas les espaces de débat dont on a besoin et
notamment parce que le débat n’est pas la finalité de ces espaces, mais leur
moyen de vendre leurs produits. Ce sont des lieux de consommation, jouant sur
les principes de récompense et attention, et qui plus est dans un environnement
où on fréquente uniquement les personnes avec qui nous sommes en accord. Le jeu
récompense/attention est au cœur de tous les services que nous
connaissons : instagram, facebook, twitter, mais aussi de tous les jeux
« gratuits » comme candy crush par exmple, (voir à ce sujet l’excellente
série d’Arte appelée Dopamine sur ce qui se joue dans ces services numériques[26]),
mais il est aussi au cœur de la captation de l’attention des complotistes. Zuckerman
dont nous avons déjà parlé dit au sujet de QAnon « QAnon est un jeu :
si votre interprétation des prédictions est « meilleure » que celle
des autres, vous êtes récompensé par de l’attention, et même de l’argent. C’est
une secte à la mode 2020 : vous pouvez être en même temps influenceur Instagram
et coauteur de la théorie du complot »[27].
On retrouve ce même schéma dans les luttes d’influence et de célébrité des
platistes, comme le montre bien le documentaire « La Terre à plat »[28].
Les bibliothèques ne pourront pas
ou plus faire l’impasse sur les compétences économiques et sociotechniques, qui
permettent de prendre conscience de ce qui se joue dans les produits
informationnels, de l’enfermement dans des bulles informationnelles, des
possibilités de résister à ces jeux d’attention. Dans le même temps, l’EMI,
comme en vérité bon nombre de formations aujourd’hui, s’appuient sur les
ressorts du binôme attention/récompense pour construire des modalités de
transmission, comme on peut le voir dans la prolifération des jeux sérieux ou
même dans les pratiques participatives (notamment de crowdsourcing qui
fonctionne souvent sur ce même principe de ludification de l’expérience). Comment
trouver notre voie entre l’alerte sur l’économie de l’attention et l’utilisation
des mêmes ressorts et des mêmes outils pour capter l’attention vers des
plateformes alternatives, vers les idées des autres, vers la possibilité d’un
débat ? Le 27 octobre dernier Framasoft a lancé Mobilizon que je vous
laisse découvrir. L’équipe de Framasoft écrit dans l’article de lancement[29] :
« Là où la plupart des plateformes gamifient votre expérience
d’utilisation et flattent votre ego pour mieux capter votre attention et vos
données, Mobilizon est un outil. Pas un passe-temps où l’on peut scroller à
l’infini, juste un service pour organiser vos événements et vos groupes.
Mobilizon est conçu pour ne pas capter votre attention : pas de scroll
infinis, de course aux likes et aux amis. (…) Avec Mobilizon, ce n’est pas
l’ego mais la construction du collectif qui compte. » De fait, très
certainement, la réponse est dans la notion d’attention elle-même,
attention-souci de l’autre, des autres, de ce qui peut faire un collectif. Attention
que dans un autre épisode nous avons reliée à la notion de care ;
attention qui se retrouve dans la position de boyd de construire des espaces de
débat non autoritaires et qui se retrouve dans la possibilité pour la bibliothèque
de donner de la voix aux inaudibles ; attention, et qui peut nous servir
de fil d’Ariane pour accompagner nos usagers en ces temps d’incertitudes.
Voilà, j’ai fait le tour des
quelques idées que j’avais sur le sujet, en tant que non spécialiste. J’imagine
maintenant la bibliothèque non plus comme un lieu de savoirs, mais comme un
lieu d’ignorance dans lequel on part à la découverte des possibilités de
construction des modalités de vivre ensemble. C’est ce que sera le savoir pour
moi : une enquête dont le terme ne nous est jamais donné d’avance. Ursula
Le Guin dans La main gauche de la nuit[30],
dont je vous ai déjà parlé la dernière fois, imagine un ordre disons religieux
qui a pour fonction de rappeler à chacun l’incertitude dans laquelle nous avançons
et de rappeler que cette incertitude ouvre des possibilités que la certitude
referme voire impose. Etre un lieu, une place pour l’incertitude, c’est assumer
une position magnifique celle d’accompagner nos concitoyens dans l’ensemble des
chemins qu’il est possible d’arpenter pour faire face aux lendemains et avec
toujours en point de mire l’envie de faire communauté ensemble.
C’est ce que nous allons essayer
de voir dans l’atelier aujourd'hui à 14h (heure de France).
Merci à Aurélien Tabard pour les
liens vers les articles de Zuckerman, merci à Rémi Joinville pour les
discussions sur les fake news, merci à Vân Ta-Minh pour les discussions sur
l’attention et la viralité. Merci à Marie D. Martel pour la discussion sur la
littéracie communautaire. Merci surtout à tous les gens très brillants, que
j’ai cité dans cette introduction, des gens qui écrivent en ce moment sur ces
questions et qui nous aident à y voir un peu plus clair. Vous pourrez retrouver
toute cette bibliographie dans le guide thématique de l’Enssib sur ce
séminaire.
Bibliographie :
Aclin. “Le Vrai Nom
Du « second Confinement » - [Exercice d’interruption de La Communication].”
Lundimatin, #262, 9 Nov. 2020,
https://lundi.am/Le-vrai-nom-du-second-confinement.
Badouard, Romain.
Fake News, complotisme, désinformation : quels enjeux pour l’éducation aux
médias ? Enssib, 2020, pp. 27–37.
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“Exposer / S’exposer : les bibliothèques narratrices des voix inaudibles.”
Documentation et Bibliothèques, vol. 66, no. 1, 2020, pp. 19–29,
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02476932.
---. “Pluralité,
Visibilité, Responsabilité : La Désinformation Comme Exhortation Au Rôle
Politique Des Bibliothèques.” Décoder Les Fausses Nouvelles et Construire Son
Information Avec La Bibliothèque, vol. 48, Presses de l’Enssib, 2020, pp.
83–92, fr.
---. De
La Participation à La Mobilisation Collective : La Bibliothèque à La Recherche
de Sa Vocation Démocratique. Université Paris Diderot, 14 Oct. 2019,
https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-02465951.
Daniel J. Clark. La
Terre à Plat. Netflix, 2018.
“Dopamine - Culture
et pop.” Dopamine, https://www.arte.tv/fr/videos/RC-017841/dopamine/. Accessed
13 Nov. 2020.
Ertzscheid, Olivier.
“Salut à toi le professeur. Salut à toi Samuel Paty.” affordance.info, 18 Oct.
2020,
https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/10/salut-a-toi-le-professeur.html.
European Union. Call
for Proposals to Prevent and Combat Racism, Xenophobia, Homophobia and Other
Forms of Intolerance and to Monitor, Prevent and Counter Hate Speech Online.
2019, https://ec.europa.eu/info/funding-tenders/opportunities/portal/screen/opportunities/topic-details/rec-rrac-raci-ag-2019.
Framasoft.
“Mobilizon. Vos événements. Vos groupes. Vos données.” Framablog, 27 Oct. 2020,
https://framablog.org/2020/10/27/mobilizon-vos-evenements-vos-groupes-vos-donnees/.
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Infox. Susciter La Curiosité et Non Développer La Crédulité.” Décoder Les Fausses
Nouvelles et Construire Son Information Avec La Bibliothèque, vol. 48, Presses
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July 2019, doi:10.21428/7808da6b.6b8a82b9.
Zuckerman, Ethan,
and Damien Leloup. “« L’émotion qui fonde QAnon, c’est la méfiance contre les
institutions et les élites ».” Le Monde.fr, 17 Oct. 2020,
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/10/17/l-emotion-qui-fonde-qanon-c-est-la-mefiance-contre-les-institutions-et-les-elites_6056401_4408996.html.
[3]
Rancière, Jacques. Le maître ignorant
: cinq leçons sur l’émancipation intellectuelle. Fayard, 2009.
[4] https://www.franceculture.fr/emissions/le-temps-du-debat/coronavirus-la-conversation-mondiale-la-democratie-est-elle-menacee-par-la-post-verite
[7]
Badouard, Romain. Fake News, complotisme, désinformation : quels enjeux pour
l’éducation aux médias ? Enssib, 2020, pp. 27–37, p 28.
[8] https://www.coe.int/en/web/no-hate-campaign/we-can-alternatives
et https://ec.europa.eu/info/funding-tenders/opportunities/portal/screen/opportunities/topic-details/rec-rrac-raci-ag-2019
[9]
Voir : Bats, Raphaëlle. “Exposer / S’exposer : les bibliothèques
narratrices des voix inaudibles.” Documentation et Bibliothèques, vol. 66, no.
1, 2020, pp. 19–29, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02476932.
Et Bats, Raphaëlle. “Pluralité, Visibilité, Responsabilité : La Désinformation
Comme Exhortation Au Rôle Politique Des Bibliothèques.” Décoder Les Fausses
Nouvelles et Construire Son Information Avec La Bibliothèque, vol. 48, Presses
de l’Enssib, 2020, pp. 83–92, fr.
[10] https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/terrorisme/enseignant-decapite-dans-les-yvelines/marlene-schiappa-annonce-une-unite-de-contre-discours-republicain-sur-lesreseauxsociaux_4154483.html
[12] ibid
[13] Girel,
Mathias, and Michèle Leduc. “La culture de l’ignorance. Avant-propos.” Raison
présente, vol. N° 204, no. 4, 2017, pp. 3–8, https://www.cairn.info/revue-raison-presente-2017-4-page-3.htm.
[14] https://www.liberation.fr/amphtml/france/2020/10/21/la-reanimation-pour-les-nuls_1802936?xtor=rss-450&utm_medium=Social&utm_source=Twitter&utm_campaign=dlvr.it&__twitter_impression=true&s=09
[15] Las
Vergnas, olivier. “Action Culturelle Scientifique et Infox. Susciter La
Curiosité et Non Développer La Crédulité.” Décoder Les Fausses Nouvelles et
Construire Son Information Avec La Bibliothèque, vol. 48, Presses de l’Enssib,
2020, pp. 69–82, fr., p 82.
[16] Pena-Vega,
Alfredo. “À l’épreuve des incertitudes.” Communications, vol. n° 95, no. 2,
Nov. 2014, pp. 5–8, https://www.cairn.info/revue-communications-2014-2-page-5.htm,
paragraphe 10.
[17] Saemmer,
Alexandra, and Sophie Jehel. Éducation critique aux médias et à
l’information en contexte numérique. Presses de l’Enssib, 2020, p.23.
[18] Le
Demazel, Florent. “Les Sept de Chicago, Aaron Sorkin - Débordements.”
Débordements, 20 Oct. 2020, http://www.debordements.fr/Les-Sept-de-Chicago-Aaron-Sorkin.
[19]
Zuckerman, Ethan. “QAnon and the Emergence of the Unreal.” Journal of Design
and Science, no. 6, July 2019, doi:10.21428/7808da6b.6b8a82b9 et
[20] Zuckerman,
Ethan, and Damien Leloup. “« L’émotion qui fonde QAnon, c’est la méfiance
contre les institutions et les élites ».” Le Monde.fr, 17 Oct. 2020,
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/10/17/l-emotion-qui-fonde-qanon-c-est-la-mefiance-contre-les-institutions-et-les-elites_6056401_4408996.html.
[21] Badouard,
Romain. Fake News, complotisme, désinformation : quels enjeux pour l’éducation
aux médias ? Enssib, 2020, pp. 27–37, p 28.
[22] Ibid, p
35.
[23] Bats,
Raphaëlle C. De La Participation à La Mobilisation Collective : La Bibliothèque
à La Recherche de Sa Vocation Démocratique. Université Paris Diderot, 14 Oct.
2019, https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-02465951.
[24] Ertzscheid,
Olivier. “Salut à toi le professeur. Salut à toi Samuel Paty.” affordance.info,
18 Oct. 2020, https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/10/salut-a-toi-le-professeur.html.
[25] ibid
[27] Op.cit.
Voir aussi cet autre article du blog Curiouserinstitute sur le jeu et QAnon :
https://medium.com/curiouserinstitute/a-game-designers-analysis-of-qanon-580972548be5
[28] Daniel
J. Clark. La Terre à Plat. Netflix, 2018.
[30] Le
Guin, Ursula K. La Main Gauche de La Nuit. Robert Laffont, 1971.
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