Soutenance de thèse : le texte de ma présentation


Voilà, j'ai donc soutenu ma thèse le 14 octobre dernier. Cela n'a pas duré si longtemps que cela (3h30 au total) et le jury était très très bienveillant, mais j'en suis sortie épuisée. Pour dire la vérité, quand le jury nous a invité à rentrer dans la salle pour donner son avis suite à la délibération, et bien, je n'ai aucune idée de ce qui a été dit. J'ai un trou. Je crois que j'étais vidée.

Il faut dire que les échanges avec tous les membres du jury étaient vraiment riches. J'en ressors plein de questionnements pour poursuivre mes recherches. Oui, car ce qu'il ressort de ce travail, c'est que je n'ai pas du tout envie de m'arrêter là.

Parmi les questions qui me trottent dans la tête et qui font suite à ces discussions :

  • celle de la place de la critique : je suis assez convaincue par l'approche critlib et je fais depuis longtemps un effort critique sur les textes bibliothéconomiques, mais sans certainement assez rendre évidente cette critique, l'adjoindre à une critique d'une sociologie de la culture et sans lui trouver une coloration plus française et moins anglosaxonne.
  • celle de l'hospitalité : ça fait un moment que je bassine les étudiants et élèves de l'Enssib avec ça, mais pour l'instant c'était périphérique. Là, je voudrais m'y pencher plus sérieusement et tenter de répondre à la question suivante : y a-t-il une hospitalité spécifique aux bibliothèques ?
  • celle des traces de la participation, que je travaille déjà avec le projet de recherche PLACED, mais que je souhaite poursuivre avec notamment une approche par la matérialité de ces savoirs, leur indexation, et leur diffusion comme objet de savoir réutilisation ou comme objet de médiation, ce qui me permettra de revenir sur la question de la place des communs dans la bibliothèque et sur la place du temps.
  • celle de la bibliothèque participante, que je prône depuis longtemps mais qu'il faudrait que je formalise pour savoir si cette bibliothèque peut exister dans le cadre institutionnel actuel ou seulement en dehors, ce qui pose au fond la question de l'engagement assumé de la bibliothèque dans le politique.
  • celle de l'évaluation des politiques publiques et de la participation notamment, chose que j'ai commencé avec l'étude des indicateurs de justice sociale (sur laquelle je travaille avec Marie Martel, de l'Ebsi à Montréal) et du rapport entre éthique et politiques publiques culturelles. 

Bref, des réflexions sur la méthode, les outils, les thèmes de ma recherche. Ce n'est finalement pas fini...

J'attends le rapport de thèse, rédigé par le jury, et dès que je l'ai je mettrai ma thèse en ligne, sur HAL certainement, ailleurs aussi probablement. Je suis en train de voir pour en faire une version epub (mais je ne suis pas très douée...). En attendant, si cela vous intéresse, vous pouvez lire ci-dessous le texte de ma présentation lors de la soutenance. Cela vous donnera quelques idées sur ce qui m'a amenée à travailler sur ce sujet, la méthodologie suivie et un petit tour d'horizon (rapide) des résultats.

Et maintenant, je (re)mets à la préparation des dossiers de qualification et à la rédaction de mes publications (les plus) en retard...

Raphaëlle

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Chers et chères membres du jury,

J’ai le plaisir, l’honneur de vous présenter mon travail de doctorat intitulé de la participation à la mobilisation collective, la bibliothèque à la recherche de sa vocation démocratique, travail effectué sous la direction attentive, bienveillante et de haute qualité de Denis Merklen et d’Etienne Tassin. La soutenance est une étape clé de mise en public de ce travail, et je savoure autant que je crains d’avance les questions et commentaires qui viendront après cette présentation. J’ai pu déjà lire les deux rapports, et je remercie les rapporteurs pour leurs analyses, qui m’ont touchée car il est plaisant de se sentir compris, et pour leurs questions auxquelles je répondrai soit au fil de cette présentation, soit pendant la discussion.

Ma thèse parle donc de bibliothèques…

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Anne-Marie Bertrand, conservateure des bibliothèques et historienne, titrait un de ses articles : « Les bibliothèques, filles des lumières, quoique… »

C’était en 2015, après les attentats de janvier, et alors que choqués comme les autres français les bibliothécaires s’interrogeaient sur l’échec ressenti de leur capacité à émanciper le citoyen, injonction qui leur avait été faite à la révolution française et à la création des bibliothèques municipales. Emanciper le citoyen par le livre, lui rendre possible de participer au débat démocratique, promouvoir l’égalité de chacun dans la construction d’un avenir commun libre : voilà ce qui dessinait les bibliothèques et voilà ce qui était questionné après ces attaques, qui ont cristallisé un sentiment déjà en germe depuis près de 10 ans : celui de l’incapacité de la bibliothèque non seulement à éclairer, mais encore à éclairer tout le monde de la même lumière.

C’est dans ce contexte que les bibliothèques municipales se sont tournées vers les pratiques participatives, entérinant un virage pris au début des années 2010 sur la route de l’orientation public, par quoi il faut entendre dans le langage bibliothéconomique, un ensemble de pratiques où les usagers comme les non usagers de la bibliothèque sont au cœur de la préoccupation des bibliothécaires, plutôt que la conservation et l’acquisition des collections. Quand au début des années 2010 les bibliothèques ont commencé à parler de projets participatifs et certaines à acquérir une véritable notoriété du fait de ces projets, j’ai éprouvé un étonnement très fort, à la fois en tant que bibliothécaire, puisque tel était mon métier depuis 2007 et en tant que chercheuse, puisque j’avais la chance de pouvoir faire de la recherche sur mon poste depuis 2011. 

1/ mon premier étonnement tenait au fait que je n’avais pas vraiment constaté que les bibliothèques étaient très ouvertes sur l’horizontalité des rapports, et ce déjà en interne. Or un des principes de la participation repose bien au contraire sur la possibilité de l’émergence et de la reconnaissance de savoirs dits profanes. Au début de ma thèse, Denis Merklen m’a proposé d’écrire une fiction dans laquelle les usagers décideraient de toutes choses dans la bibliothèque. A chaque niveau de décision, je voyais la bibliothécaire en moi opposer à ce projet un ensemble de restrictions, que la chercheuse ne se soupçonnait pas d’avoir, et qui tenaient en résumé à l’idée qu’il ne pourrait jamais suffire de donner l’espace pour décider collectivement, s’il n’y avait pas un travail de transmission de l’expertise. Reste encore à désirer cette transmission et à accepter de partager ce qui fait la spécificité de l’exercice de son métier et par conséquent sa propre reconnaissance. Il s’agit ici de questionner l’autorité : l’autorité métier : qui pourrait mieux qu’un bibliothécaire mener des tâches bibliothéconomiques ?, et l’autorité de l’institution : qui pourrait mieux que les représentants de l’institution savoir ce qu’est l’intérêt général et pouvoir l’incarner ? Or, si de nombreuses études se sont concentrées sur la transmission des compétences et des connaissances dans la participation, voire de la participation conduisant aux développement de spécialistes des procédures et techniques participatives, je ne trouvais pas de textes ayant vraiment étudié l’impact de ce jeu de savoirs sur les métiers dans lesquels ces jeux se trouvent à être expérimentés. En d’autres termes, je cherchais à remplir un espace laissé quasi blanc, celui de l’étude de la transformation des agents des institutions publiques devenant participatives, non pas en tant que spécialistes de la participation, mais bien en tant que spécialistes de leur propre métier.

2/ Mon deuxième étonnement vient de ce que les bibliothèques manifestent plutôt une horreur du conflit et tentent autant que possible d’éviter les événements susceptibles de créer des conflits entres usagers ou avec les élus. Or la participation me semblait l’occasion de faire surgir le conflit, ce moment où il devient alors possible d’exprimer sa citoyenneté en démocratie, non pas dans l’anonymat policé du vote, mais dans la prise de parole directe et dans la confrontation. J’imaginais, je soupçonnais alors une participation déconflictualisée, simulacre d’une participation permettant réellement l’expression des citoyens. Il ne s’agissait pas seulement de voir comment l’institution utilise la participation pour couper l’herbe sous les pieds des conflits attendus, il ne s’agissait pas seulement non plus de voir comment la participation n’est qu’une illusion d’une expression libérée, mais il s’agissait de voir comment une institution craignant l’expression libre tout en s’en faisant l’apôtre pouvait être amenée à reconsidérer sa mission du fait de la libération de la parole dans la participation. Il me semble que celle-ci montre et révèle une transformation sous deux conditions : d’abord que cette transformation n’est pas forcément là où on l’attend, et en l’occurrence ce n’est pas celle du public, mais celle de l’institution elle-même. Ensuite, qu’il convient de comprendre ces processus à l’œuvre plutôt qu’à en confirmer ou assurer les résultats. En cela, j’assume tout à fait de m’inscrire dans une perspective pragmatiste, héritée de John Dewey.

3/Mon troisième étonnement vient du fait que les bibliothécaires aiment se dire neutres et apolitiques. Or qu’est-ce que la participation sinon un moyen d’agir sur des politiques publiques, et ce à la fois collectivement et sur des territoires donnés ? La participation permettrait donc d’appréhender la bibliothèque comme un lieu de transformation de la cité, plutôt que de l’individu Or la bibliothèque se pense d’abord comme un lieu de services aux individus, dont la transformation se fait par la consultation des documents, dans un moment intime, qui relève de chaque lecteur. Penser la bibliothèque en situation de participation interroge la bibliothèque au cœur de l’action. Qu’est-ce qu’agir pour une institution publique culturelle, si son action habituelle relève plutôt d’un désir de distance à l’action ? Il est vrai qu’on peut voir la bibliothèque comme un lieu de conseil et le bibliothécaire comme un conseiller dont l’expertise permet à qui veut agir de bien agir, mais dont l’action se restreint à la transmission d’une bonne information au bon moment. Or, devenant participative, la bibliothèque ne devient-elle pas plus active ? Elle n’est pas plus un lieu d’exercice et d’expérimentation de la participation, simple décor et prétexte, qu’elle ne reste ce pilier immobile de la démocratie, chargé d’incarné la noblesse du projet républicain. En suivant Hannah Arendt, et Etienne Tassin, grand spécialiste d’Arendt, j’ai cherché à voir la prise de risque de ces pratiques en tant qu’elles mettent la bibliothèque sur la scène politique, comme un lieu d’expérience, aussi bien pour les usagers qui sont invités à se rappeler le sens même de la politique, que pour les bibliothécaires qui doivent alors prendre place sur le théâtre d’une subjectivation politique en cours.

4/ Mon dernier étonnement venait du fait que les projets participatifs que j’avais observés en bibliothèque me paraissaient toujours du côté de l’événementiel et jamais du côté de l’inscription pérenne dans le fonctionnement de l’institution. Inscrits dans des programmations culturelles ou dans la rupture temporelle qu’est une nouvelle construction ou une réhabilitation, ces pratiques participatives semblaient osciller entre expérimentation craintive, avec contrôle des lieux et espaces de production de ces temps collectifs, et enthousiasme juvénile pour une forme ludique renouvelant des pratiques culturelles peinant à trouver leur public (que ne ferait-on pas avec des post-its ?). Je trouvais alors dans les études sur la participation la même inquiétude sur l’institutionnalisation de ces pratiques. Cependant, il me semblait que dans ces études inquiètes nous échappait une réflexion à mener sur la valeur de l’événement, et je puisais dans deux philosophies très différentes matières à y réfléchir. D’abord chez Jacques Rancière qui a pu à plus d’une occasion montrer la valeur du spectacle pour non pas montrer des temps d’émancipation, mais pour créer des espaces d’émancipation. Ensuite, chez Merleau-Ponty, dont je découvrais la portée politique grâce à Etienne Tassin, qui interroge le rapport entre événement et institution, notamment au gré d’une réflexion sur l’institutionnalisation de la révolution. J’y trouvais une quête de sens pour bibliothécaire du 21ème siècle : peut-on construire la révolution à partir des institutions ? peut-on institutionnaliser le fait de reproduire des temps révolutionnaires d’égalité et de liberté et retrouver dans l’événement ce qui a pu fonder le sens même de la bibliothèque ?

Voilà pourquoi et sous quels angles travailler ce sujet. Je me trouvais à un carrefour, essayant de comprendre le chemin vers lequel la bibliothèque se destinait, avec une inquiétude sur le sens politique qu’elle s’autorisait, dans un temps même où ce politique me paraissait réutilisé et instrumentalisé. Je craignais que les bibliothèques ne perdent de vue leur origine, leur histoire, leur titre de filles des lumières. Et dans le même temps, on le sait, il ne suffit pas d’avoir un phare pour rentrer au port. Il me fallait donc une carte, que je décidais de construire avec 4 points cardinaux : autorité vs transmission, transformation vs instrumentalisation, action vs conseil, événement vs institution, 4 points qui faisaient un radar d’analyse des pratiques participatives de plus en plus nombreuses dans ce milieu professionnel.

Je partais donc avec ce radar pour retrouver les chemins qu’emprunte la bibliothèque dans la démocratie ou peut-être vers la démocratie dans sa mise en œuvre de la participation. Cependant, je ne me projetais pas dans la réalisation de cette carte, sans une observation de la réalité des professionnels. Six mois après mon inscription en thèse, une discussion avec Gilles Eboli, directeur de la bibliothèque municipale de Lyon, m’ouvrait la porte d’un terrain d’observation et de questionnement. En 2015, la Bibliothèque municipale de Lyon commence en effet à travailler sur un de ses grands événements, programme culturel réunissant tout le réseau autour d’une programmation riche et coordonnée d’événements sur une même thématique. Se prépare alors le programme Démocratie, qui se tiendra entre novembre 2016 et mars 2017 et dont j’ai pu suivre la mise en œuvre, intégrée au comité de pilotage du projet d’octobre 2015 à juin 2017, c’est-à-dire de la préparation au bilan. C’était mon premier terrain, et je suis partie enthousiaste autant qu’angoissée à la découverte d’une méthodologie qui questionnait mes positions, mes actions, mes biais. Pendant presque 2 ans, j’ai habité, hanté peut-être, les bureaux du troisième étage de la bibliothèque, rencontré les membres du comité de pilotage, appris à les connaitre à la fois pour ce qu’ils représentent dans ce groupe et dans la bibliothèque, rencontré d’autres agents et acteurs de ce projet. Nous avons partagé des réunions, des repas, des formations, des pique-nique, des événements, des cafés, etc. Il n’a pas toujours été facile de trouver ma place, non pas par difficulté d’intégration, mais au contraire par facilité d’accompagner ce nous, qui est celui de la bibliothèque. J’ai ressenti un sentiment très fort d’appartenance à ce métier, tout en ayant le sentiment tout aussi fort de ne plus faire ce métier. J’ai écrit dans mon carnet de terrain, allant à une des réunions du comité de pilotage : « Je ne suis plus bibliothécaire ». Observer et suivre ce terrain a été par conséquent et constamment un pas de danse : un pas de côté pour ne pas me laisser distancer par la bibliothèque réelle et risquer de faire de ma carte une totale fiction, un pas de côté pour ne pas me laisser convaincre par des aspects par trop pratiques de la bibliothèque, risquer de faire de ma carte le simple descriptif d’une réalité. Dans ce pas de 2 entre la bibliothèque et moi-même, ou peut-être entre mon moi bibliothécaire et mon moi chercheuse, j’ai pu construire la carte que je voulais.

Cette thèse est d’une certaine manière la narration de cette carte et de ce voyage dont je voulais raconter les étonnements, puis déplier et déployer la carte des chemins que la bibliothèque prend et de ceux qu’elle ne prend pas et qui ne sont pas pour autant fermés à d’autres ailleurs ou à d’autres moments. Car dans la narration que j’ai faite de mon terrain, j’ai cherché à mettre en évidence que la bibliothèque ne subit pas la participation, mais qu’elle l’accompagne et se l’approprie jusqu’à être en mesure de développer des discours d’intention sur ces pratiques, qu’il faut bien concevoir comme des actions, répondant à des situations contre lesquelles la bibliothèque ne voit plus d’autres possibilités d’actions. Et cependant, bien que décidées, la source de l’intention n’est pas toujours si claire qu’elle permette aux bibliothécaires de déterminer avec précision ce que la participation aura de transformation sur leurs pratiques, ni d’en mesurer l’impact sur les missions qu’ils se donnent. Ma thèse décrit trois de ces intentions, leurs sources, leurs effets et leurs impacts jusqu’à obtenir une carte qui éclaire des chemins entre l’intention de participer et la transformation en cours. Ces trois chemins possibles sont donc autant de réponse des bibliothèques aux crises que notre société traverse : sociabilité, représentation et débat démocratique, et qui dessinent non seulement des types de bibliothèques, mais des types de démocraties différentes.

1. D’abord, la bibliothèque que nous appellerons bibliothèque de convivialité incarne une démocratie plus sociable que sociale. Elle est amenée à développer son rôle d’animation autour de pratiques participatives reposant sur l’échange de savoir. Elle se présente plutôt comme un lieu culturel que comme une institution culturelle, au risque de perdre de vue la dimension collective de la participation qu’elle met pourtant au cœur de son modèle. 

2.       Ensuite, la bibliothèque que nous appellerons bibliothèque d’encapacitation incarne une démocratie territoriale. Elle est amenée à développer son rôle de centre de formation en compétences citoyennes autour de pratiques participatives reposant sur les projets d’identité locale. Elle se présente alors plutôt comme une institution que comme une institution culturelle, au risque de se trouver réduite à un simple lieu d’expérimentation de la participation.

3.       Enfin, la bibliothèque que nous appellerons bibliothèque d’engagement incarne une démocratie de l’information. Elle est est amenée à développer son rôle dans la diffusion des savoirs, experts autant que profanes qui s’expriment dans les pratiques participatives de mise en visibilité des vies singulières. Elle se présente alors plutôt comme un espace public que comme une institution publique, au risque que son statut ne la rattrapant ne l’empêche d’aller au bout de ce projet d’agora renouvelée.

Ce sont donc trois chemins, qui ne sont ni uniquement descriptifs, ni des solutions prêtes à porter pour bibliothécaires, mais trois invitations non seulement à arpenter la carte de ces utopies, mais encore à s’en écarter pour créer et composer de nouveaux chemins. Je me plais à espérer que les bibliothécaires pourront se saisir de cette carte pour développer de nouveaux espaces de transformation.

C’est avec cette idée de chemin que j’ai aussi, avec plus ou moins de réussite, essayer de naviguer entre plusieurs disciplines, dont la philosophie et la sociologie disciplines de mes directeurs de recherche, et entre des écoles de pensée dont je ne suis pas spécialiste. J’aimerais en dire deux mots de ce dernier point pour répondre notamment à une question posée dans un des rapports. Je crois qu’avec toujours en tête cette distinction entre le réel et l’utopique, j’ai d’un côté utilisé des références à une sociologie de la culture, inspirée de Bourdieu, parce qu’il me semble qu’actuellement c’est la sociologie la plus à même de décrire une réalité. Mais j’ai aussi utilisé une philosophie pragmatiste de l’action, assez opposée au caractère immuable des situations décrites par cette sociologie de la culture, parce qu’il me semble que c’est la philosophie la plus à même de dresser un chemin dans la carte des utopies pour que nous avancions et quittions d’une certaine manière la réalité en nous autorisant à la transformer. Plus qu’une synthèse, j’ai essayé de dessiner ma propre carte de la démocratie vue de ses institutions culturelles, carte qui dessine aussi bien le portrait sans fard du topos de départ qu’elle n’esquisse l’imaginaire de chemins possibles.

Cette carte je l’ai arpentée aussi et ce voyage m’a plus que jamais convaincue du rôle de ces institutions publiques pour construire une démocratie, aujourd’hui et demain. J’ai cependant le sentiment que la cartographie que j’ai entamée n’est qu’à peine esquissée. Je termine ce voyage avec plus encore de désirs et de questionnements : sur des thématiques que je n’ai pu que débroussailler (l’éthique des politiques publiques, la production collective, etc.), sur les formes de la recherche appliquée telle que j’aimerais la poursuivre, sur des ensembles de théories dont mes connaissances sont encore très lacunaires, sur des points soulevés dans les rapports et certainement dans les discussions qui vont suivre et que je souhaiterai approfondir par la suite, en continuant à faire de la recherche. Mais ce sera une autre histoire.

Cette histoire-ci, cette thèse parlait donc de bibliothèques. L’événement la Nuit de la démocratie à la bibliothèque, dont je raconte l’expérience dans mon texte, se termine par un tour de chant. Je ne vais pas chanter…. Mais ce récit de voyage en bibliothèque se voulait aussi un chant, un chant C.H.A.N.T., des possibles pour les bibliothécaires à venir.




Je vous remercie de votre attention,

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